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Winfried Engelbrecht-Bresges : « Les courses hippiques ne peuvent pas être un jeu de hasard »

16/12/2023
PDG du Hongkong Jockey Club depuis 2007, Winfried Engelbrecht-Bresges a présidé à une expansion sans précédent de la scène des courses asiatiques, Hongkong étant désormais un leader avec le Japon. Notre avenir semble incertain, on ne sait à quoi s'attendre, mais « le Kaiser » a déjà quelques longueurs d'avance sur le terrain...

 

  • La semaine internationale est toujours un grand événement, si proche de la saison des fêtes. Êtes-vous satisfait de ce qu'il y avait sous le sapin de Noël pour le Club ?

Hongkong est à nouveau en ébullition et c’est une excellente nouvelle. L'année dernière, nous étions ouverts mais pas encore tout à fait sortis de notre bulle, alors que ce que nous avons vu mercredi soir, avec une ambiance si formidable, démontre que le dynamisme de la ville est revenu. C'était vraiment important de montrer la beauté, la vitalité et l'attractivité des courses de Hongkong. La soirée s'est extrêmement bien passée (cette interview a été enregistrée la veille de la réunion de dimanche dernier). Et pour moi, l'un des moments forts a été la victoire de Vincent Ho dans le championnat international des jockeys Longines. Sa victoire est lourde de sens pour les Hongkongais. Malgré les défis économiques et certaines tensions géopolitiques, Hongkong peut être un centre de croissance et d'excellence. C'est un symbole important. Vincent est l'un des athlètes les plus professionnels que vous puissiez trouver. Pendant la COVID, Amy, notre directrice de l'Institut du sport, a affirmé que très peu d'athlètes faisaient preuve d'une telle abnégation et d’une telle intensité à l'entraînement. Et je tiens vraiment à exprimer ma gratitude à Ryan Moore pour avoir aidé Vincent à devenir le grand athlète qu'il est devenu.

  • Le Club doit aussi partager la fierté de Hongkong, puisque Vincent est un apprenti local...

C'est l'une de nos forces. Nous faisons beaucoup pour développer notre communauté. Et nous avons maintenant transféré aussi cette volonté à Conghua, notre centre d'entraînement continental. Nous sommes passés là-bas de 0 à 600 salariés. La plupart n'avaient jamais vu de cheval auparavant. Et si vous allez à Conghua aujourd'hui, vous pourrez toujours apprécier leur connaissance équine. Ils ont vraiment adhéré au projet. Nous avons fait venir certains de nos employés de Conghua ici et ils adorent travailler avec les chevaux. Ce sont devenus des cavaliers. L'équipe là-bas a fait un travail fantastique. Nous avons activé des plateformes qui nous permettent, depuis le mois dernier, de délivrer des licences de formation professionnelle à Conghua. Il s'agira d'une plate-forme pour un développement plus large pour l'ensemble de l'industrie équine en Chine. Nous pouvons former des gens de toutes les provinces et les amener à suivre une formation professionnelle pour devenir jockeys et personnels des écuries. C'est une belle réussite.

  • Quelle est la prochaine étape à Conghua ?

En avril, nous pourrons en montrer davantage. Nous sommes toujours en chantier et devrons terminer la phase 2 de notre agrandissement des écuries, avec 450 places supplémentaires. L'ensemble des logements seront prêts, aussi. Le toit de la tribune devrait également être posé en février. Il est prévu d'accueillir 10 000 personnes, car il s'agit d'un hippodrome « boutique ». Je dois admettre que je suis très impatient. C'est l'une des tribunes les plus marquantes que je connaisse, construite dur un design entièrement axé sur la durabilité. 70% de l'énergie sera produite sur place. Et puis nous prévoyons un parc éolien qui sera installé à cinq ou six kilomètres, et qui nous permettrait une indépendance énergétique complète.

  • Qu'en est-il des courses là-bas ?

La première réunion officielle est prévue en avril 2026. Nous devons tout terminer d'ici octobre 2025, puis nous entraîner pendant six mois, en pilotant des simulations. Le site que nous construisons là-bas est vraiment centré sur nos clients dans chaque segment, ce dans l’esprit de notre Racing Club. Nous avons des espaces réservés aux influenceurs et aux leaders d'opinion clés avec des concepts complètement différents de ceux que nous avons ici. Nous nous adresserons aux nouvelles générations et travaillerons sur l'expérience qu’ils vivront à Conghua avec de grands partenaires chinois du numérique. Nous envisageons des expériences numériques complètement différentes, en utilisant notamment la réalité virtuelle et la réalité augmentée dans des espaces dédiés. Et nous aurons un centre d'accueil des visiteurs qui racontera d'une manière très intéressante l'histoire des chevaux en Chine, son importance et son lien avec le pur-sang, avec les courses internationales mondiales.

  • Première course en avril 2026, et ensuite ?

Nous aurons la première réunion en avril, et cela suffira pour la saison. La saison suivante, en 26/27, nous tiendrons probablement une réunion par mois à Conghua, d'octobre à avril. Cela pourrait devenir un complément au programme de simulcasting. Nous n'aurions pas à augmenter notre nombre de dates autorisées en siumulcasting au-delà de notre limite de 37 par an. Cela pourrait être à n'importe quel moment de la semaine, en fonction des vacances et de notre programme existant.

  • Quel est le plan à long terme du Club en Chine ?

Ce que je viens de décrire n'est qu'une partie de notre stratégie globale pour la Chine. Nous voulons contribuer au Programme national de développement de la filière équine, qui a été entamé en 2020 par le ministère de l'Agriculture et le ministère des Sports. Nous essayons maintenant de mettre en place une chaîne de valeur équine qui comprend l'élevage, l'entraînement, la formation, l'organisation de ventes aux enchères et de courses, et le retour des chevaux à l'élevage. Il s'agit d'un plan à long terme qui inclurait également des études vétérinaires. La science vétérinaire équine est l'un des domaines de développement où nous devons encore progresser. La semaine dernière, nous avons réuni 160 vétérinaires équestres de toute la Chine à Conghua et ils sont vraiment enthousiastes. Nous voulons construire un programme de formation spécifique d'un an pour les vétérinaires équestres. Il y a 100 000 chevaux de sport en Chine, et certains sont très coûteux. 5 000 écoles d'équitation sont censées accueillir à l'avenir 10 000 nouveaux cavaliers. Pour soutenir le développement d'une telle industrie équine, vous avez besoin de vétérinaires équestres, et un tel développement nécessite une certaine envergure. Nous avons la vision, nous avons les compétences nécessaires pour renforcer cette capacité en ce qui concerne les modules de formation, l'accréditation et les personnes nécessaires. J'espère que cela aidera l'ensemble de l'industrie à se développer.

  • Conghua deviendra-t-il le centre de gravité de la stratégie du Club en Chine ?

Nous voulons créer un modèle durable à Conghua. Environ 90 propriétaires de toute la Chine ont rejoint le club-house de nos membres à Pékin. Nous ouvrirons un autre club-house de ce type à Shenzhen, qui cultivera également l'intérêt pour les courses de chevaux, y compris un intérêt pour le sport équestre. En septembre, nous ouvrons un Institut de philanthropie, à travers lequel nous ferons des dons à la Chine. Il est intéressant de noter que beaucoup de nos nouveaux membres continentaux, qui ont beaucoup de succès, sont prêts à redonner à la communauté, mais ils ne savent pas comment. L'objectif d'un tel institut serait de gérer leurs projets philanthropiques, d'en mesurer l'impact et l'ampleur de leur héritage. Il s'agit d'un modèle complètement intégré qui met en harmonie la course et le fait de redonner à la communauté. Les gens doivent comprendre que nous ne sommes pas seulement une institution de course, et surtout pas seulement une organisation de paris. Ce que j'ai trouvé vraiment fascinant dans nos enquêtes et les discussions que nous avons eues avec des propriétaires potentiels, c'est leur volonté de comprendre l'élevage et les courses, mais plutôt d'un point de vue sportif et culturel. C'est un peu comme ce que l'on trouve au Japon.

  • Comment se porte le propriétariat à Hongkong en ce moment ?

Nous n'avons pas de problème de propriétariat en soi. Il y a un risque de vieillissement de la population de propriétaires que vous devez reconstituer. De nombreux propriétaires ont également perdu un certain intérêt pour la chose pendant la COVID parce qu'ils ne pouvaient pas aller aux courses. Pourquoi payer 6 000 € par mois pour un cheval de course si vous ne pouvez pas le voir courir, inviter vos amis, prendre une photo de groupe, etc. ? Cela s'est traduit par un taux de départ à la retraite plus élevé au cours des deux dernières années. Deuxièmement, les propriétaires avaient l'habitude de se rendre aux ventes un an ou deux avant de ramener leurs achats à la maison, et ils n'ont pas pu se déplacer pour acheter pendant la COVID. Par conséquent, ils ne pouvaient pas remplacer les chevaux qu'ils mettaient à la retraite plus tôt. Le nombre optimal de chevaux à l'entraînement à Hongkong est de 1 280. Nous avons probablement à l'heure actuelle 1 160 chevaux prêts à courir, il en manque 120 à cause de cet effet ciseau. La situation économique retardera probablement la reprise. Il faudra un an et demi à deux ans pour revenir à la normale, et nous en avons besoin pour Conghua.

  • Comment recrutez-vous de nouveaux propriétaires ?

Nous recrutons de jeunes propriétaires potentiels par le biais de notre club de course. Traditionnellement, les jeunes membres du club ne sont pas autorisés à posséder des chevaux seuls pendant un certain temps. Nous avons 1 400 membres du Racing Club et 200 d'entre eux sont très désireux de devenir propriétaires. Nous avons donc créé un Racing Club pour leur permettre d'être propriétaires en syndicats, puis de devenir propriétaires associés ou individuels. Il y a un autre programme de ce genre à Hongkong, et un autre en Chine, où nous avons maintenant réuni 60 à 70 propriétaires. Un large groupe est venu de Chine aux courses avec 50 de leurs amis. Ils ont gagné deux courses. Et tous voulaient devenir propriétaires ! Nous sommes en train de mettre en place un autre vecteur avec notre premier club-house de Shenzhen, qui sera différent de celui de Pékin, car il sera plus dédié aux jeunes propriétaires, je dirais 35 à 40 ans, venant également du continent.

  • Vous avez également ouvert les portes aux propriétaires étrangers l'année dernière...

Oui, les grands éleveurs et propriétaires peuvent désormais passer par notre programme de propriété ouvert aux étrangers. Nous avons maintenant des propriétaires éminents d'Afrique du Sud, d'Australie, de Nouvelle-Zélande. Nous devons surveiller ce développement de très près, car nous voulons nous assurer que ces propriétaires sont vraiment engagés. Nous cherchons surtout des éleveurs-propriétaires parce qu'en fin de compte, nous nous intéresserons davantage à l'élevage. Et vous constaterez que les propriétaires-éleveurs montrent généralement davantage d’endurance. Ils ont aussi un plus grand intérêt parce qu'ils peuvent élever des chevaux et les mettre en valeur ici. C'est la raison pour laquelle nous avons créé ce concept, et c'est pourquoi nous ne nous intéressons pas aux conglomérats de propriétaires.

  • En parlant d'élevage, cherchez-vous également des entreprises d'élevage en Chine ?

Le gouvernement de Pékin observe notre écosystème et constate que nous avons des compétences uniques que nous pouvons partager. Nous sommes considérés comme une organisation de classe mondiale qui a fait ses preuves avec les épreuves équestres des Jeux olympiques de Beijing, les Jeux asiatiques, et maintenant notre leadership international. La contribution au PIB de l'industrie équine aux États-Unis est de 120,2 milliards de dollars. Pékin comprend ce qu'une industrie équine développée peut rapporter. En outre, une grande partie de l'élevage ou de la formation serait située dans les zones rurales et aurait un impact important sur l'économie à l’échelle locale. C'est déjà le cas à Conghua. Les 600 personnes que nous avons embauchées là-bas avaient un salaire moyen de 360€. Aujourd'hui, c'est 1 000 €, et ça ne cesse de croître. L'impact économique y est déjà important et croissant. Si vous regardez les industries connexes, à commencer par le fourrage et d'autres fournitures, vous créez des routes d'approvisionnement, des réseaux logistiques qui stimulent globalement le développement économique local.

  • Cependant, la croissance du marché de la vente en Australie crée des problèmes d’approvisionnement en nouveaux chevaux ?

Nous sommes actuellement confrontés à un important problème de chaîne d'approvisionnement. Les prix ont explosé. Nous avons acheté beaucoup de chevaux en Australie, et il devient de plus en plus difficile de s'en procurer parce qu'ils appartiennent à des syndicats. Nous avons donc maintenant une offre refusée de 1,7 million de dollars australiens, pour un cheval de trois ans qui a remporté une course et une Listed... Si la Chine s'ouvre, nous pourrons espérer améliorer notre approvisionnement. C'est la raison pour laquelle nous explorons des partenariats stratégiques, et pourrions même acheter des élevages dans l'hémisphère Nord et dans l'hémisphère Sud. Nous avons besoin d'environ 450 chevaux chaque année. Si au moins un quart est garanti, nous nous retrouvons moins exposés. Nous allons relancer avec succès les ventes internationales de Hongkong et vous constaterez que la qualité des chevaux qui en sortiront est nettement supérieure à ce que nous avions il y a cinq ans.

  • Où en êtes-vous déjà dans ce projet d’investissement dans l’élevage ?

Nous avons certains objectifs. Tout ce que je peux dire, c'est que nous avons dépassé l'étape de l'étude de faisabilité. Nous devons encore évaluer les opportunités. Il peut y avoir des clusters si plusieurs élevages sont combinés, mais cela ne serait pas géré par le Jockey Club, mais plutôt par des experts de l’élevage.

  • Où chercheriez-des élevages dans l'hémisphère nord ?

Je suppose que nous viserions davantage l'Europe en raison de l'accent que nous mettons sur les courses sur gazon. L'Australie sera toujours un fournisseur clé de chevaux, mais la plupart d'entre eux sont des sprinters. Quand il s'agit d'un mile et plus, c'est une autre histoire. Nous avons déjà commencé à modifier légèrement notre programme de courses pour qu'il se concentre moins sur les courtes distances. Nous irons sur 1 400 m et plus. Ce changement affectera notre chaîne d'approvisionnement, car l'Europe est un fournisseur plus approprié de ces chevaux. Nous ne nous concentrerons pas sur les chevaux de 2 400 m car ce n'est pas adapté à notre climat et à nos entraîneurs. Nous nous concentrerons davantage sur les chevaux pour concourir sur des distances allant de 1 400 à 2 000 mètres.

  • Comment vont les revenus du Club ? Le chiffre d'affaires des paris sur le football a dépassé les courses hippiques pour la première fois la saison dernière...

La question est de savoir comment définir les revenus. Est-ce avant ou après impôt ? Avant l'impôt, le football a définitivement pris les devants. Les paris sur le football ont un avantage en raison de la flexibilité du produit. On peut augmenter le nombre de matchs, les paris en live, ce qu’on veut... C'est certainement un facteur-clé de la réussite de ce type de paris. Mais, voyez-vous, 65 à 70 % des clients qui parient sur le football sont des clients des courses. Et c'est aussi de là que vient notre clientèle. L'année dernière a été un record, mais nous avons déjà pu repérer quelques faiblesses au cours des trois derniers mois du calendrier de courses. Dès le mois de janvier, dans le segment supérieur de nos clients, nous avions déjà une baisse de 10% du chiffre d'affaires... Et cette tendance s'est maintenue. Ainsi, si vous regardez la situation actuelle, nous avons une réduction de 10 à 12% du chiffre d'affaires local... Et cette baisse est surtout marquée chez ceux qui parient le plus. La raison la plus probable et la plus évidente à cela est le marché boursier. Parce que beaucoup de nos clients sont dans les actions, le capital-investissement, l'immobilier et la fabrication, etc., et notre chiffre d'affaires suit la courbe du marché boursier. Nous voyons aussi un phénomène de revenge-spending. Nous avons obtenu des résultats exceptionnels, au cours des deux dernières années, parce que les gens ne pouvaient pas sortir de chez eux. Ils ne pouvaient pas aller à Macao. On l'oublie volontiers, mais du point de vue des jeux, la perte des Hongkongais avant le COVID à Macao était de 20 milliards HKD (2,4 milliards d'euros). Aujourd'hui, Macao a rouvert et elle promeut son marché avec de grands moyens. Mais c’est une concurrence saine. Et ils ont investi dans le divertissement. Les programmes de divertissement de Macao, c’est énorme. Deuxièmement, les Hongkongais aiment voyager. Or, qu’observe-t-on ? C’est qu’il faut parler cantonnais pour se faire comprendre à Tokyo ! Beaucoup de gens ici ont soudainement réalisé que la qualité des centres commerciaux, des restaurants, et d’une façon générale les prix étaient meilleurs ailleurs qu’à) Hongkong. Shenzhen est bien moins cher que Hongkong ! Les gens ont donc tendance à aller plus loin qu'avant, et nous devons nous adapter à cette tendance. Heureusement, tout cela est en partie compensé par nos autres marchés de paris, qui continuent de croître de 10 à 15 %. La mondialisation de notre clientèle a aidé. Cependant, je m'attends à ce que l'année prochaine et la prochaine soient un peu difficiles, mais je reste optimiste. Si l'on considère un cycle de deux ou trois ans, l'économie chinoise devrait se redresser.

  • Vous avez parlé des revenus de la masse commune. World Pool semble être un succès...

Le World Pool ne cesse de s'étendre et je pense que sur tous les continents, chacun a compris quels sont les avantages qu’on peut en retirer. Je peux comprendre pourquoi les cotes fixes, en particulier en Australie, ont autant de succès aujourd'hui. 83 % des paris gagnants et placés en Australie sont à cote fixe. Je pense que c'est à cause du nombre de réunions quotidiennes que vous avez là-bas. Ça court toutes les minutes ! Et si vous n’atteignez pas une masse critique d’enjeux, ça ne vaut rien. Vous ne pouvez pas faire un vrai pari avec des masses aussi limitées. Parce que vous pariez contre vous-même. Alors qu'avec les masses cumulées par le World Pool, avec les différents points de vue du monde en provenance de Hongkong, de la Grande-Bretagne, de l'Australie, vous offrez des cotes qu'un opérateur à cote fixe ne peut pas égaler. C’est ainsi que subitement, les bookmakers pouvaient plus suivre sur certains paris, parce que la valeur du produit Word Pool était trop élevée. Les clients ont le choix. Cependant, je ne considère pas les bookmakers comme de simples concurrents. Le pari mutuel donne le rendement le plus élevé à l’activité hippique et cette organisation a besoin de croissance. Deuxièmement, certains types de paris ne peuvent pas être exploités comme des paris à cotes fixes. Ce sont des produits différents, offrant des opportunités différentes. Ce que j'ai fait en Allemagne pourrait être considéré un peu plus globalement, c'est-à-dire mettre en place des partenariats avec des bookmakers en relation avec des paris exotiques, en particulier dans des pays comme l'Australie, où vous pouvez ajouter une option. Nous voulons que les 100 meilleures courses du monde soient disponibles dans le World Pool. Nous travaillons sur une nouvelle plate-forme et un nouveau protocole d'information sur les paris, qui, nous l'espérons, pourraient être lancés dans le cadre d'un premier projet pilote en avril ou mai. Nous aurions alors la possibilité de prendre des paris exotiques avec le World Pool sur le quarté sans ordre, et jusqu'à notre triple trio, et d'inclure les enjeux enregistrés par les bookmakers dans ces pools. Les bookmakers pourraient trouver un intérêt à se connecter avec le World Pool, car cela pourrait diversifier leur gamme. Ce qui est important, c'est la différenciation. Vous devez avoir suffisamment de temps entre les courses pour que les masses se constituent. La prochaine étape serait d'organiser davantage de réunions combinées. Nous l'avons déjà fait en France et en Allemagne, et nous pourrions regarder quelque chose comme l'Everest et les Guinées de Caulfield, en Australie. Nous avons travaillé sur les courses de haut niveau en tant que produit séparé et particulièrement attrayant, et nous avons pu nous concentrer sur la qualité pour atteindre ce niveau de différenciation par rapport à la diffusion simultanée intense que l'on trouve en Australie ou en Angleterre. Nous avons fait beaucoup d'études de marché, et cela se résume à ceci : les courses de chevaux ne peuvent pas se résumer à un jeu de hasard. Il ne peut pas s'agir uniquement de jouer les tuyaux d’untel. Chacun doit pouvoir se faire un jugement. Notre consultation a été menée à Hongkong, et il faudrait faire plus d'études à l'échelle mondiale, mais l'une des raisons pour lesquelles le World Pool fonctionne est qu'il ne fait pas la promotion d'un jeu de hasard. C'est un jeu, mais les gens éprouvent de la satisfaction à travailler sur leurs propres stratégies et analyses pour choisir un gagnant. Si vous avez un départ toutes les deux minutes, vous ne pouvez pas le faire.

  • Pourtant, les juridictions de course ont des règles ou des règlements différents et cela est parfois un obstacle à la participation au World Pool...

Si vous regardez l'évolution du chiffre d'affaires, le niveau d'intérêt suscité, la valeur pour l'industrie -ce n'est pas seulement le chiffre d'affaires-, si vous voyez combien de revenus sont générés par World Pool pour notre activité, vous ne pouvez qu’être convaincu du bien-fondé de cette proposition. Mais oui, une harmonisation plus poussée des règles de paris, par exemple, est nécessaire. Ainsi, nous étions très enthousiastes à l'idée de prendre des courses en Argentine, car je pense que les courses en Amérique du Sud sont largement sous-estimées. Je suis donc allé en Argentine, et j'ai été extrêmement impressionné par les installations et l'élevage argentins. Malheureusement, notre tentative de les faire entrer dans le World Pool n’a pas abouti parce qu'ils couplent encore des chevaux. Nous ne voulons pas du couplage et voilà tout. Néanmoins, j'ai entendu dire qu'en février, le Gouvernement argentin pourrait accepter de changer cela. Les meilleures courses argentines pourraient donc faire partie du World Pool. Le timing des courses sud-américaines n'est pas idéal pour nous ici, mais cela n'a pas d'importance. C'est un symbole. Toutes les courses de haut niveau devraient faire partie de la famille, et c’est un moyen de nous agrandir encore. J'aimerais aussi beaucoup qu'il y ait plus de réunions multiples. Cela pourrait même être en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne, pour que nous montrions toutes les meilleures courses, toutes. Cela changerait la donne.

  • La réglementation concernant l'utilisation de la cravache semble être au centre d'une controverse entre de nombreuses juridictions différentes. Quelle est la position du Club à ce sujet ?

Il y a une confusion entre le bien-être animal et l'utilisation de la cravache. Il est inacceptable d'abuser d'un animal avec une cravache. Mais l'utilisation responsable de la cravache n'est pas, pour moi, une question de bien-être animal. Souvent, cela ne devient un problème de bien-être animal que par le biais de la perception. Mais renversons le problème. Il faut tenir compte du point de vue de ceux qui s'assoient sur un cheval de course. J'ai parlé à Holly Doyle, qui est allée monter un cheval de 2 ans en Allemagne. Leurs règles sont si strictes que même si sa cravache n’aurait pas fait de mal à une mouche, car elle sert essentiellement à faire du bruit, elle avait peur de l'utiliser pour corriger sa monture car elle ne voulait pas risquer une suspension. Résultat ? Elle est allée tout droit dans la lice. Et si les gens ne comprennent pas que si vous montez sans cravache un cheval de 500 kilos qui va à 60 km/h, vous prenez des risques, en quoi se soucient-ils de bien-être ? Nous avons rendu service à tout le monde, ici. Si vous commenciez à disqualifier les chevaux pour l'utilisation de la cravache -et quelle est la différence si vous l'utilisez huit fois ou neuf fois ?-, vous obtiendrez un effet indésirable. C'est aussi une question de considération de nos clients. Nous avons fait des sondages et 50 % de nos clients réagiraient massivement contre une disqualification pour abus de cravache. Peut-être que vous pouvez agir par la suite par le biais des allocations, par exemple, mais sanctionner ainsi le jour de la course, cela susciterait une réaction épidermique de la part de nos parieurs. C'est ma position. Il semble y avoir d’autres opinions. Ici à Hongkong, nous avons un comité de surveillance qui travaille sérieusement sur la question, nous en discutons avec les jockeys et nous essayons de nous améliorer encore. Vous avez évidemment des pilotes de qualité différente et des environnements différents. Les règles à appliquer au sein de grandes réunions avec les meilleurs jockeys du monde ne sont pas forcément celles qui conviennent pour des courses de pays avec des cavaliers peut-être moins expérimentés qui pourraient faire des choses qu’ils ne feraient pas ailleurs. Cela rend la normalisation un peu plus difficile et c'est pourquoi je comprends que certains pays imposent certaines règles pour limiter l'utilisation de la cravache, mais je serais très prudent en ce qui concerne la disqualification des chevaux. Si vous pensez que le jockey a fait quelque chose d'inapproprié, punissez le jockey et non les propriétaires, car si vous allez trop loin, ils pourraient réfléchir à deux fois avant d'envoyer à nouveau leurs chevaux sur votre hippodrome. La perception est la réalité, mais vous avez parfois besoin d'expliquer ce qu'est réellement la réalité.