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Ka Ying Rising prépare son ascension de l'Everest

06/06/2025
Zac Purton et David Hayes, deux Australiens au sommet à Hong Kong.

Zac Purton et David Hayes, deux Australiens au sommet à Hong Kong.

Avec Adam Pengilly et Jack Dawling, Idol Horse

The Everest est une des courses les plus riches du Monde. Programmé en octobre sur l’hippodrome de Randwick, à Sydney en Australie, c’est un Groupe 1 disputé sur 1 200 mètres et doté de 12 millions d’euros environ. La spécificité de cette épreuve, créée en 2017 sur le modèle de la Pegasus World Cup, c’est que les engagements sont vendus environ 400 000 € et que les investisseurs peuvent ensuite négocier avec les propriétaires des chevaux désireux de courir.

Le meilleur sprinter actuel dans le monde sur le papier, le champion de Hong Kong Ka Ying Rising, a obtenu une place dans le prochain Everest et à présent, son entraîneur David Hayes va devoir relever ce défi sportif, mais aussi logistique.

Dans un premier temps, l’Australien avait écarté la possibilité de faire courir Ka Ying Rising dans la HKSAR Chief Executive’s Cup (1 200m) avec 61 kg lors de la journée d'ouverture de la saison à Sha Tin, en septembre, mais il a reconsidéré cette option : « Je n'ai pas encore pris ma décision, a-t-il confié à Idol Horse. Cela dépendra vraiment de ses essais à l’entraînement, mais ce sera soit une course, soit un galop d'exhibition. Je reste simplement prudent à l'idée de le faire courir The Everest pour sa rentrée après sept mois d'absence. Tous ses homologues australiens courront en septembre, et bien que je pense qu'il pourrait courir The Everest pour sa rentrée, je préférerais qu'il ait une course dans les jambes avec un intervalle de six semaines ensuite. »

David Hayes a également déclaré privilégier une course de préparation à Hongkong plutôt qu'à Sydney. « Je ne voulais qu'il ait que deux courses à l'étranger, et les deux auxquelles je pensais étaient The Everest et une course après, a-t-il précisé. S'il ne gagne pas The Everest, nous rentrerons probablement directement. »

L'entraîneur souhaite également donner de la compagnie à Ka Ying Rising pendant la quarantaine à Hongkong et à Canterbury, en Australie, indiquant que Ka Ying Resilience, un fils de Blue Point, pourrait accompagner la star de l’écurie…« Ce n'est pas encore décidé et cela dépend de ses performances en fin de saison, mais Ka Ying Resilience est mon préféré pour le moment pour être son compagnon de voyage là-bas. Il travaille très bien ici mais n'a pas particulièrement bien couru jusqu'à présent. S'il inverse la tendance en course, il restera probablement à Hongkong, et ce que nous ferons, c'est que nous mettrons un cheval en quarantaine avec Ka Ying Rising – probablement le poney de l'écurie – et j'organiserai ensuite le déplacement d'un de mes chevaux de Lindsay Park (le centre d’entraînement familial des Hayes en Australie, ndt) pour qu'il le rejoigne à Canterbury. »

Le directeur exécutif des courses du Hong Kong Jockey Club, Andrew Harding, a confirmé avoir sécurisé la place (le « slot ») de l'Australian Turf Club (ATC) pour deux ans, avec une option de prolongation… « L'ATC est un bon partenaire pour le Club depuis de nombreuses années et c'est une bonne chose de pouvoir travailler avec eux sur ce projet, a-t-il déclaré. Je pense que la participation de Ka Ying Rising cette année sera vraiment passionnante et générera une grande valeur pour les fans à Hongkong et pour le public des courses australien. Dans les années à venir, nous utiliserons cette place soit pour faciliter la participation d'un cheval de Hongkong, soit pour cibler des sprinters australiens ou néo-zélandais afin qu'ils viennent disputer les Hong Kong International Races (en décembre, ndt) après The Everest. »

Quelques minutes après que le tabloïd de Sydney, The Daily Telegraph, a publié un article annonçant que la place de Ka Ying Rising dans The Everest serait confirmée dans les heures à venir, une légère panique a toutefois parcouru les bureaux de l'Australian Turf Club (ATC).

La quinzaine avait été mouvementée pour le principal club de courses de Sydney, qui avait vu une proposition à 2,9 milliards d’euros environ pour la vente de son actif le plus précieux, l'hippodrome de Rosehill Gardens, lui glisser entre les doigts en raison des manœuvres des membres de son comité, opposés au projet. Dans les jours qui ont suivi, le même groupe de membres a cherché la destitution du président de l'ATC et partisan de la vente, Peter McGauran.

Or c’est avec cette équipe que le Hong Kong Jockey Club avait négocié, mais pas obtenu officiellement, une place dans l’Everest… Tout pouvait tomber à l’eau.

Plus encore, l'ATC soupçonnait le plus grand opérateur de paris d'Australie, Tabcorp, de toujours essayer de convaincre Ka Ying Rising de courir sous sa bannière.

« C'est un marché d'acheteurs », avait déclaré un dirigeant du Hong Kong Jockey Club le week-end dernier à propos de la ruée pour s'assurer la place de Ka Ying Rising dans The Everest.

Et qui pouvait le contredire ?

Depuis que le concept de The Everest a été lancé de manière spectaculaire en 2017, aucun concurrent n’a été aussi suivi par les parieurs -Ka Ying Rising est à présent favori à 1,9/1 en ante-post.

Chaque année, par chance peut-être plus que par calcul, un groupe homogène mais exceptionnel de sprinters australiens s'est aligné dans The Everest. Cela a alimenté des marchés de paris très ouverts et des processus d'appel d'offres compétitifs où les détenteurs de « slots » se sont battus pour les meilleurs chevaux.

The Everest aurait-il été aussi captivant ces dernières années si Black Caviar, qui a terminé sa carrière invaincue en 25 sorties, était encore là ?

La participation du meilleur sprinter du monde est une chance d'accroître la notoriété mondiale de cette course richissime, et d’augmenter les retombées financières grâce aux paris grâce à une audience plus large des courses de Sydney en simultané à Hongkong.

Cela explique peut-être pourquoi l'ATC était si nerveux à l'idée que l'accord soit torpillé avant l'heure, alors qu'ils avaient une occasion unique de rentabiliser leur grande course à l’international.

Que contient l'accord pour Ka Ying Rising dans The Everest ?

L'ATC et le Hong Kong Jockey Club sont restés discrets sur les détails de l'accord cette semaine, se contentant de confirmer que la place serait louée pour deux ans avec une option de prolongation. C'est un point significatif.

Les accords standards pour les chevaux entraînés en Australie dans The Everest peuvent inclure de nombreux facteurs : partage des gains, remise des trophées, montes de jockeys désignées, les couleurs que portera le cheval, des bonus en cas de victoire, des droits d'élevage futurs, et même jusqu'aux allocations de billets le jour de la course.

Les détenteurs de place ont généralement réduit leur risque ces dernières années pour s'assurer d'empocher la majorité, sinon la totalité, des gains si un cheval termine dans la seconde moitié du peloton. Des partages de gains tels que 70-30, 60-40 ou 50-50 sont souvent inscrits dans les accords si un cheval se place, ce qui inclut environ 4,575 millions d'euros (7,5 millions AUD$) pour le premier.

Mais le Hong Kong Jockey Club a déjà discuté de la possibilité d'utiliser sa place pour une autre raison : inciter davantage de chevaux australiens et néo-zélandais à concourir lors de son meeting international chaque mois de décembre.

Si Ka Ying Rising n'est pas disponible pour eux en 2026, ils peuvent offrir leur place dans The Everest à un cheval de Sydney ou de Melbourne à la condition qu'il fasse ensuite campagne à Sha Tin plus tard dans l'année pour le Hong Kong Sprint.

« Dans les années à venir, nous utiliserons cette place soit pour faciliter la participation d'un cheval de Hongkong, soit pour cibler des sprinters australiens ou néo-zélandais afin qu'ils viennent disputer les Hong Kong International Races après The Everest », a déclaré jeudi le directeur exécutif des courses du Hong Kong Jockey Club, Andrew Harding.

Le manque de représentation de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande lors du grand rendez-vous de fin d'année de Hongkong a été un point de friction – aucun sprinter de ces deux pays ne s'est aligné à Sha Tin en décembre depuis près d'une décennie – et peut-être ce nouveau partenariat pourra-t-il redynamiser le niveau du Hong Kong Sprint (Gr1).

Mais l'avantage immédiat pour l'ATC, ce sont les retombées d’un simulcast avec les parieurs de Hongkong.

On croit savoir que des discussions sont déjà en cours pour que les courses de Sydney soient ajoutées au calendrier du World Pool, un système de masse commune exploité et promu par Hong Kong, y compris des événements-phares du carnaval d'automne comme le Golden Slipper, qui se dispute à Rosehill Gardens, désormais sauvé d’une vente.

Le World Pool n’est pas parfait mais compte tenu de son audience potentielle, il est susceptible de redynamiser les paris dans différentes parties du monde. Il a aussi le soutien du patron du Hong Kong Jockey Club, Winfried Engelbrecht-Bresges, et du grand manitou de Racing NSW, Peter V’landys, deux des hommes les plus influents des courses mondiales, dont les querelles ont défrayé la chronique pendant des années. Ils ont mis leurs différends de côté, ces derniers temps. L'investissement d'Engelbrecht-Bresges dans The Everest, un phénomène mené par V’landys, ne fera que renforcer ces nouveaux liens.

Le chef de Hongkong a été un invité régulier de la loge d'hospitalité de Royal Randwick animée par V’landys pour les grandes réunions de courses de Sydney au cours des 18 derniers mois. V’landys était présent aux Hong Kong International Races et a été panéliste lors de la Conférence Asiatique des Courses de l'année dernière à Sapporo aux côtés d'Engelbrecht-Bresges. La collaboration entre les deux ne peut être que bénéfique pour le sport à l'échelle mondiale.

Sans mener la charge, du moins publiquement, V’landys était un partisan de l'opportunité générationnelle de vendre Rosehill, qui a finalement échoué à la dernière haie.

La saga a été suivie de près par les officiels du Hong Kong Jockey Club, qui savaient que cela renforçait leur pouvoir de négociation avec l'ATC. Cette bataille budgétaire ne sera désormais pas sauvée en rasant un hippodrome centenaire pour construire une mini-ville de 25 000 logements afin de pallier la crise du logement de l'État.

Ce n'est qu’une goutte d’eau par rapport à l'opportunité manquée d’une cession immobilière, mais l’intérêt généré par Ka Ying Rising participera à renflouer les caisses de l’ATC en octobre.

Ce n'est pas une nouveauté pour l'ATC d'offrir sa place dans The Everest – ils avaient auparavant négocié un accord pluriannuel avec le grand propriétaire hongkongais Bon Ho pour louer la place en échange d'un engagement à faire courir un nombre minimum de chevaux à Sydney. L'un d'eux fut Classique Legend, qui a remporté The Everest en 2020.

Classique Legend n'est certainement pas Ka Ying Rising, dont l’aura est telle qu’il a réussi ce que beaucoup pensaient auparavant impossible : rapprocher les officiels de Hongkong et d'Australie pour le meilleur !