Par Alan Aitken, pour HKWinningfactor.com

À l’issue de la saison 2023/2024, John Size était pointé à la septième du classement des entraîneurs, mais nous en avions fait le grand favori pour le titre la saison suivante. Il s'est d'ailleurs imposé avec autorité, malgré un démarrage particulièrement lent, même si cette course d’attente est devenue sa marque de fabrique. Il a ensuite produit une accélération en milieu de saison pour prendre l'avantage, avant de résister jusqu'au poteau pour conserver sa marge.

Ses neuf victoires en juin et juillet font de cette fin de saison une des meilleures de sa carrière. En sellant au moins un gagnant dans 44 des 88 réunions du calendrier, il a porté son total à un record de 13 titres en 24 saisons. À l’aube d’une 25e campagne de l’Australien, il part de nouveau comme favori, même si, comme nous allons le voir, cette nouvelle saison présente des défis structurels.

Certes, le championnat se gagne en accumulant le plus de victoires, mais cela peut induire les parieurs en erreur. Le succès continu de Size est si bien connu que le public a des attentes très élevées pour chacun de ses partants, ce qui rend la rentabilité de son écurie, du point de vue d’un parieurs, difficile à atteindre. Comme nous le faisons pour les jockeys, nous préférons analyser les performances des entraîneurs par rapport aux cotes du marché. Le classement serait alors très différent de celui qui conduit au championnat annuel.

Réussite pondérée des entraîneurs, saison 2024/2025

Avec le recul de la saison passée, Manfred Man a causé la grande surprise. Il a été de loin le meilleur en termes de surperformance par rapport aux cotes, et ses 45 victoires ont constitué le meilleur score de sa carrière, même s'il n'a terminé qu'à la huitième place du championnat. Size est généralement loin derrière dans ce classement en raison des attentes très élevées du public, comme nous l’avons expliqué plus haut. De son côté, Francis Lui, malgré un « effet gueule de bois » après son titre de champion de la saison précédente, a de nouveau fait des prouesses. D'autres écuries encore surpassent les espoirs des parieurs, qui gagneraient à considérer la réalité des chiffres plutôt que de suivre les opinions toutes faites, même si le championnat 2025-26 se gagnera au nombre de vainqueurs, et non selon la rentabilité des paris.

Une des idées fausses les plus répandues concerne le nombre total de partants. Si John Size (2023) et Caspar Fownes (2021) ont remporté le titre ces dernières années après avoir présenté plus de partants que n'importe quelle autre écurie, l'approche dite du « grand nombre » n'est généralement pas un gage de succès. Size a également remporté le titre en 2006 et 2004 avec le plus de partants, mais ce sont ses seules victoires en 25 ans dans ce cas de figure. D'ailleurs, Size avait remporté son premier championnat en 2001-02 avec seulement 291 partants. Ce qui, en revanche, est important, c'est la capacité d'un entraîneur à renouveler son effectif.

L'atout des très grandes écuries australiennes, comme celles de Ciaron Maher et Chris Waller, est leur capacité à renouveler en permanence leurs effectifs tout au long de la saison. C'est sans doute la même chose partout dans le monde où il n'y a pas de limites sur le nombre de chevaux dans une écurie. À Hong Kong, c'est différent. Aucun entraîneur ne peut avoir plus de 70 chevaux simultanément, et comme les pur-sang restent généralement à l'entraînement toute la saison sans interruption, il n'est pas facile de rafraîchir l'effectif. C'est là que le « renouvellement » de l'écurie joue un rôle primordial.

Au cours d'une saison, certains galopeurs prennent leur retraite, d’autres sont importés, d'autres changent d'entraîneur. La limite de 70 chevaux ne donne donc pas une image complète du tableau. Le « renouvellement » est le terme que nous utilisons pour décrire le nombre de chevaux qu'un entraîneur a fait courir durant une campagne.

David Hayes, deuxième du championnat la saison dernière, est l'entraîneur qui a eu le plus de chevaux différents, avec 81 individus contre 74 pour Size. Cela l'a aidé à être compétitif avec un pourcentage de réussite légèrement supérieur à sa moyenne habituelle. Ce qui est plus pertinent pour la saison à venir, c'est de voir à quel point ces chevaux ont été sollicités et combien d'entre eux sont toujours dans l'écurie pour la nouvelle campagne. Le terme familier pour décrire cela dans les médias est la « gueule de bois du titre », qui n'a évidemment rien à voir avec le champagne !

Cela tient au fait que lorsque plusieurs entraîneurs jouent le titre jusqu'aux dernières journées de la saison, leurs pensionnaires sont très sollicités. La réussite dans cette lutte signifie aussi que beaucoup de chevaux ont atteint leur limite dans le handicap. Un entraîneur qui a remporté le titre en ayant sollicité au maximum son effectif est désavantagé lorsqu'il doit se présenter à nouveau avec les mêmes chevaux dans un système de courses basé majoritairement sur le handicap.

Il y a deux saisons, Francis Lui et Pierre Ng se sont livré une bataille acharnée qui ne s'est achevée que dans les dernières courses de la saison. Ils n'ont rien laissé au hasard, et cela s'est vu en 2024-25, où aucun des deux n'a été un réel prétendant au titre, même si Ng a de nouveau mené au début. Le palmarès de Size montre qu'il a été excellent dans la gestion de cet aspect. Il a remporté trois titres consécutifs de 2002 à 2004, et quatre d'affilée de 2016 à 2019. C'est le seul entraîneur à avoir remporté deux titres consécutifs ce siècle, et sa carrière est plutôt caractérisée par une alternance d’années fastes et de saisons en demi-teinte. Y aura-t-il une alternance pour la nouvelle saison ?

Selon le site web du HKJC, Size a actuellement 67 chevaux dans son écurie, et 53 d'entre eux faisaient partie des 74 qu'il a fait courir la saison dernière. Il y a un an, il sortait de l'une de ses pires années et n'avait plus que 40 des 72 chevaux qu'il avait utilisés la saison précédente. De plus, il a eu 25 chevaux qui ont couru plus de 10 fois la saison dernière, dont le « cheval de fer » Bundle Of Charm, qui a couru 21 fois. Cela nous indique qu'une grande partie de l'effectif qui revient a été bien exploitée. Du côté positif, la plupart de ceux qui ont gagné la saison passée semblent capables de gagner à nouveau, mais le handicapeur finira par les rattraper. La capacité de Size à rester un prétendant au titre dépendra à nouveau de sa force principale : trouver de nouveaux chevaux inédits et talentueux capables de remporter plusieurs victoires.

Renouvellement des effectifs - Saison 2025/2026

Hayes a eu 27 chevaux qui ont couru plus de 10 fois la saison dernière et 55 de ses pensionnaires reviennent. Il n'est donc pas idéalement placé non plus.

Tony Cruz, double champion des entraîneurs, a terminé à la sixième place, et il semble dans une situation difficile. Il a fait courir 75 chevaux au total la saison dernière, dont 33 plus de 10 fois. 56 de ses chevaux de la saison dernière reviennent, ce qui représente 80 % de son effectif disponible.

Francis Lui, en revanche, semble plus compétitif. Les chiffres de Pierre Ng s'améliorent légèrement après un résultat moyen, et on peut sans doute compter sur lui pour faire feu de tout bois en début de saison. Mark Newnham a une marge de renouvellement après une utilisation moyenne de ses partants et un pourcentage moyen de chevaux qui reviennent, mais David Eustace se démarque pour nettement à l’aube de ce qui sera sa deuxième saison. Seuls quatre entraîneurs ont utilisé moins de chevaux qu'Eustace la saison dernière, et un peu plus de 60 % des 71 chevaux actuellement listés dans son écurie sont des « anciens ». Cela signifie qu'il a beaucoup de nouvelles munitions. Il faut maintenant qu’elles soient performantes en piste. Les entraîneurs en première saison font généralement mieux en saison deux.

Caspar Fownes, quadruple champion, s'est à nouveau classé troisième du championnat la saison dernière. Son profil de renouvellement n'est pas mauvais, mais ses performances à Sha Tin restent un problème. Il a été le meilleur entraîneur à Happy Valley la saison dernière et a aussi été assez performant sur la piste en sable, mais sa faiblesse se situe sur la piste principale. Plus de la moitié des courses de chaque saison se déroulent sur le gazon de Sha Tin, où Fownes n'est qu'un entraîneur de milieu de tableau.

S'il parvient à s'améliorer dans ce domaine, il sera un candidat au titre. Depuis notre blog de la semaine dernière sur la saison 2025-26 des jockeys, une rumeur circule selon laquelle le froid entre Fownes et le jockey champion Zac Purton pourrait être en train de s'atténuer. Ils formaient autrefois un duo dominant avant une brouille. Depuis septembre 2020, Purton n'a eu que 12 montes pour cette écurie, dont certaines tirées au sort pour le Championnat International des Jockeys à Happy Valley, ou quand Purton a été appelé de dernière minute pour remplacer un jockey blessé. Un retour à leur partenariat fructueux serait une bonne chose pour Fownes.

Avec le départ à la retraite de Benno Yung à la fin de la saison dernière, les transferts d'écurie durant l'intersaison ont été dominés numériquement par ses anciens pensionnaires. Une grande partie d'entre eux, quatorze chevaux, est allée chez Michael Chang, qui a pour la plupart eu le choix, avec notamment James Tak, Fun Elite, Super Joy N Fun et Fun Together. Fait rare, Size a également été impliqué dans les transferts d'intersaison, ce qui est digne d'intérêt. L'entraîneur champion ne prend pas souvent de chevaux d'autres écuries. Ka Ying Power et Endued, tous deux issus de l'écurie de son ancien assistant Benno Yung, seront ses premiers transferts d'écurie depuis 2016. Il n'en a pris que trois au cours des 12 dernières années. Ka Ying Power est un cheval pratique et régulier, mais Endued attire vraiment l'attention car il est capable de devenir un candidat pour les courses des 4ans sans avoir besoin de beaucoup progresser.

Réussite des nouveaux entraîneurs

Le nouvel entraîneur, le Sud-Africain Brett Crawford, a repris treize des anciens pensionnaires de l'écurie Yung, ce qui représente une grande partie des 26 chevaux qui lui ont été transférés pendant l'été. Si la plupart de ses transferts affichent un profil de bons ouvriers, ce qui est le lot de tout nouvel entraîneur, il y a quelques bons espoirs parmi eux. Son transfert le plus notable est Nucleozor. Invaincu en trois départs en Nouvelle-Zélande à l'âge de 2 ans, il a couru quatre fois à 3 ans à Hong Kong sans gagner un sou. Ses trois premières courses étaient néanmoins correctes avant qu'il ne soit complètement dominé lors de sa dernière course à Happy Valley. Ce n'est pas une superstar et il est toujours classé au milieu de la Classe 3. Si Crawford le remet en forme, il peut gagner des courses.

Crawford fêtera peut-être ses 54 ans de manière propice le 7 septembre, jour de l'ouverture de la saison. Il sera bien sûr inévitablement comparé aux nouveaux arrivants précédents. Parmi les trois derniers nouveaux entraîneurs, Eustace et Newnham ont affiché une performance égale ou supérieure à la moyenne dès leur première saison. Les chiffres de Cody Mo pour ses débuts étaient inférieurs à la moyenne, mais il s'est nettement amélioré lors de sa deuxième année pour se rapprocher de Newnham. Comme nous l'avions suggéré l'an dernier pour Eustace, qui a terminé avec 36 victoires, un total de 25 victoires pour une première saison est un bon résultat dans un nouvel environnement étranger (pistes, chevaux, climat, particularités des propriétaires hongkongais et système d'engagement complexe). Le tableau qui l'accompagne montre que le niveau moyen est d'environ 31 victoires.

Crawford sera le premier nouvel entraîneur sud-africain depuis David Ferraris, qui a signé 24 victoires en 2003-04, et Tony Millard, qui a remporté 23 courses en 1999-2000 (tout en remportant le Derby cette saison-là). Ses 26 chevaux transférés formeront son effectif de travail pour la première partie de la saison, avant que de nouveaux importés ne viennent renforcer ses rangs. La situation de certaines de ses recrues peut paraître désespérée sur le papier. Chaque nouvel entraîneur est toutefois confronté au même handicap, et le succès reste leur meilleure publicité.

La première victoire de Newnham à Hong Kong a été obtenue grâce à Happy Hero, un cheval jusqu’alors vierge de succès en dix départs qui n'avait pas terminé plus près que huitième en deux saisons avec Dennis Yip, mais qui a ensuite marqué trois fois dans la première année de Newnham.